jeudi 15 novembre 2007

neuroéconomie / n° spécial / Trends in Cognitive Science

/
Trends in Cognitive Science (TiCS), une des meilleures revues scientifiques sur les neurosciences cognitives consacre son numéro d'octobre à la neuroéconomie avec notamment un éditorial de Read Montague.

Vous y trouverez surtout une revue de littérature sur la neuroéconomie sociale par Ernst Fehr et Colin Camerer (deux des stars actuelles de la discipline) à lire absolument.

Pour voir le numéro spécial en ligne cliquez sur la couverture ci-dessus (elle n'est pas top il faut le dire !) et sur les références ci-dessous pour accéder aux articles.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'article de Ernst Fehr et de Colin Camerer publié dans TCS est intéressant à bien des égards.

En premier, lieu en raison de ses auteurs lesquels sont des figures importantes du dynamisme et de l’ouverture de l’économie vers la psychologie puis vers la biologie et les neurosciences, afin de la rendre plus proche de l’être humain.

En second lieu, donc, parce qu’un tel article illustre l’apport des neurosciences à l’évolution de la science économique. Cette dernière réalise assurément des progrès dans la remise en cause du paradigme néoclassique. En témoignent le théorème du second best de Lancaster et Lipsey, le théorème d’impossibilité de Arrow, le théorème de Sonnenschein, les externalités de type MAR, la théorie évolutionniste de Nelson et Winter, les dynamiques stochastiques de Nelson et Plosser, ou encore les effets d’hystérèse. Cela étant, aucun de ces progrès ne passionne ou n’intrigue autant que la neuroéconomie.
Ainsi est-il avancé par les auteurs que l’homo oeconomicus mu par son intérêt égoïste et par la décision rationnelle, n’est pas la règle en matière de théorie de jeux et d’expérimentations en neurosciences comportementales. Les préférences sociales, l’altruisme et les émotions se révèlent en réalité comme de puissantes perspectives d’explication du comportement humain en situation (neuroscientifique) de laboratoire. Le réseau neural (cortex préfrontal dorso-latéral et ventro-médian) activé atteste que l’intérêt égoïste est pondéré par les récompenses sociales et ne suffit pas à épuiser l’agir humain.

En troisième lieu, toutefois, dans la mesure où cet article est la manifestation parfaite de l’économie. Autrement dit, pour ceux qui en doutaient, la neuroéconomie est bien de l’économie car ces résultats sont la reconnaissance et la consécration de la Théorie des Sentiments moraux de Smith (auteur longtemps trahi par ses prétendus héritiers). Néanmoins, la neuroéconomie est de l’économie car elle en conserve les travers, omettant d’indiquer les limites de ses outils et de ses protcoles (et notamment de l’IRMf) et, plus encore, cédant non pas à l’instrumentalisme friedmanien mais en la fascination pour la prédiction comme juge de la causalité… Enfin comment ne pas conclure sur ce texte sans évoquer la théorie de l’esprit de Hayek, lequel désespérait d’expliquer un jour le fonctionnement global du cerveau et donc de ses parties en termes physiques.
La neuroéconomie a malgré tout de beaux jours devant elle. Souhaitons toutefois qu’elle ne cède pas à la fascination pour l’outil neuroscientifique à l’instar de l’économie néoclassique pour l’outil mathématique…